Masculinité toxique : qui sont les « incels » ?

Ils sont aigris, frustrés et s’estiment traités comme des moins que rien. Les « incels » déversent sur les réseaux sociaux et les forums de discussion leur hargne misogyne. Certains vont jusqu’à commettre des tueries de masse.


Alek Minassian et Eliott Rodger étaient des « incels » revendiqués. Le premier a tué dix personnes en 2018 à Toronto. Le second en a abattu six dans une fusillade en Californie, en 2014.
La tuerie perpétrée à Toronto en avril 2018 par un homme qui avait appelé à la révolte des « incels » 1 a attiré l’attention sur une communauté d’hommes qui se plaignent sur Internet de leur célibat subi et rêvent d’un ordre social où ils pourraient avoir accès aux femmes de leur choix. On peut y voir un petit groupe d’hommes esseulés qui expriment des haines recuites. C’est le cas. Mais les incels sont aussi la dernière manifestation en date d’un mouvement beaucoup plus vaste qui se niche juste sous la surface de nos sociétés policées. Ils forment l’une des composantes d’un ­courant de pensée qui gagne en importance et en influence et qui, selon les experts, témoigne du ressentiment diffus qu’éprouvent les hommes dans les sociétés occidentales.   Deux des forces les plus déstabilisatrices s’y télescopent : l’hostilité de beaucoup d’hommes à l’égard d’évolutions sociétales qu’ils perçoivent comme une menace ; et l’essor des réseaux sociaux, qui bouleverse la façon dont les idées se propagent et ...
LE LIVRE
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Angry White Men: American Masculinity at the End of an Era (« Hommes blancs en colère : la masculinité américaine à la fin d’une ère ») de Michael Kimmel, Nation Books, 2013

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