Ravensbrück est le seul camp nazi à n’avoir hébergé que des femmes. Himmler lui-même en avait décidé ainsi : le chef de la SS voulait en faire un centre de formation pour les gardiennes de camp. Environ 130 000 prisonnières y ont été détenues jusqu’à l’arrivée des Soviétiques en avril 1945 (la joie des survivantes fut de courte durée : les libérateurs se livrèrent à des viols systématiques). Le nombre des victimes fluctue, selon les sources, entre 30 000 et 50 000. Nous sommes certes loin des chiffres astronomiques d’Auschwitz ou de Treblinka, mais les conditions de vie dans le camp n’en étaient pas moins abominables. Quand elles n’étaient pas directement exécutées, les prisonnières mouraient de froid, de faim ou d’épuisement dans les usines Siemens ou Daimler-Benz situées aux abords du camp. D’autres, surnommées les « lapins », étaient soumises à d’épouvantables expériences médicales. Germaine Tillion, une rescapée célèbre, qualifia Ravensbrück de site « d’extermination lente ». La population était très diverse : on y trouvait des résistantes, des communistes, des témoins de Jéhovah (qui soupçonnaient Hitler d’être l’...