Publié dans le magazine Books n° 94, février 2019. Par Jean-Louis de Montesquiou.
Première ville d’immigration du monde depuis des siècles, la métropole américaine est parvenue à trouver un équilibre entre tolérance et peur du tribalisme.
Automne 2016 : élection de Donald Trump à la Maison-Blanche et parution de l’histoire de l’immigration à New York de Tyler Anbinder. Peu probable que Trump ait lu ces 800 pages (très enlevées). Il aurait pourtant trouvé de quoi compatir aux tribulations des migrants, contre lesquels il était en croisade, et admirer leur résilience. Il y aurait peut-être découvert aussi comment New York, « cité des rêves » et première ville d’immigration du monde, a fait pour gérer la contradiction « entre idéaux de diversité et de tolérance, et peur du tribalisme et de la fragmentation sociale », pour reprendre les termes de Kay Hymowitz dans The
New York Times.
L’île de Manhattan, comme la décrit un colon au début du xviie siècle, n’était alors peuplée que d’« Indiens nus, très portés sur la promiscuité sexuelle ». Acquise pour 60 florins par les Néerlandais, elle est rebaptisée Nouvelle-Amsterdam et devient un comptoir commercial chaotique et polyglotte. Elle change encore de nom en 1664 quand les Anglais s’en emparent et entreprennent de diluer les 6 000 colons bataves dans un afflux de colons britanniques, vite suivis de ré...