Nos nouveaux prêtres

Le déclin de la qualité du sperme est-il imputable aux perturbateurs endocriniens ? Le débat illustre les tensions qui agitent la communauté scientifique et la société sur les sujets liés à l’environnement.

Dans un roman dystopique datant de 1992, Phyllis D. James envisage un monde où la stérilité masculine est devenue la norme. Comme le relève l’excellent journaliste scientifique Philip Ball dans un article publié dans le mensuel britannique Prospect, 1992 est justement l’année où des chercheurs danois ont pour la première fois constaté l’évolution à la baisse de la teneur des éjaculats en spermatozoïdes. Ils soupçonnaient les produits chimiques répandus dans l’environnement d’en être la cause1. Depuis lors, cette thèse controversée n’a cessé d’engendrer des études pour et contre, les plus catastrophistes étant bien sûr privilégiées par les médias. Le dernier rebond est un livre apocalyptique publié l’hiver dernier par l’épidémiologiste américaine Shanna H. Swan, dont un éditeur français s’est aussitôt emparé [lire « La décadence du sperme », p. 72].
Le fait que le drapeau du sperme masculin soit en berne n’est guère contesté – même si l’annonce de sa mort semble quelque peu prématurée. Ce qui fait débat, c’...

LE LIVRE
LE LIVRE

Les Fils de l’homme de P. D. James, Fayard, 1993

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