Publié dans le magazine Books n° 95, mars 2019.
Bijoux, poèmes, étoffes, ustensiles de cuisine… Qu’emporter lorsqu’on doit fuir son foyer ? En Inde et au Pakistan, des rescapés de la partition de 1947 exhument leurs souvenirs d’exode.
Le premier ouvrage de la plasticienne et écrivaine Aanchal Malhotra signale par son succès une blessure mal refermée et peut-être une mémoire en voie de libération : celle de la
Partition. En Inde comme au Pakistan, l’événement demeure traumatique pour la génération qui l’a vécu en 1947. « Pendant cinquante ans, lit-on dans
The Asian Review of Books, les historiens indiens ont considéré 1947 comme une année “triomphale et tragique”. La fin de la domination britannique constituait le triomphe du mouvement de libération nationale ; la partition du sous-continent entre l’Inde, le Pakistan oriental (qui deviendra le Bangladesh) et le Pakistan occidental était l’effet collatéral tragique de l’indépendance. Il a fallu près d’un demi-siècle pour que les Indiens prennent conscience de la chape de plomb qui pesait sur les émeutes dont ont été victimes des millions de personnes » (au total, jusqu’à 2 millions de morts et 14 millions de déplacés). Les massacres de masse, les viols et le vandalisme qu’avaient vécus les musulmans (côté indien), les hindous et les ...