« Je me souviens » : après l’Américain Joe Brainard en 1970 et Georges Perec en 1978, Patrik Ourednik s’est à son tour essayé à ce jeu anaphorique pour dresser un catalogue de souvenirs, proche de l’autobiographie. Mais avec
Année vingt-quatre, qui couvre vingt-quatre années de la vie d’un adolescent goguenard et rebelle dans la Tchécoslovaquie communiste (de 1965 à 1989), l’écrivain tchèque installé en France innove en inventant « une structure qui reflète son intérêt pour la création de systèmes soumis à des contraintes », explique le bohémiste américain Jonathan Bolton dans la revue
Context : l’année 1965 est narrée en 24 souvenirs, 1964 en 23, et ainsi de suite. Plus on avance dans le temps, plus le rythme s’accélère. Par ailleurs, et comme à son habitude, Ourednik met le travail sur la langue au centre de son œuvre. « Son objectif premier est de raviver l’époque par le lexique », explique le bimestriel
Listy. Avec un appétit particulier pour les plaisanteries de l’époque. Un exemple parmi d’autres : « Je me souviens d’une blague : “Que s’est-il passé en 1875 ? – Lénine a eu cinq ...