De la survie littéraire

Pourquoi lit-on tant d’œuvres du passé, alors que l’offre contemporaine est si riche, quantitativement du moins ? Sans doute parce qu’on n’a pas le choix : les textes anciens font partie du « canon littéraire », comme on dit. Même ceux qui ne trônent pas sur ce piédestal offrent une lecture bien souvent délicieuse. Et instructive ­aussi, car tout texte de jadis transporte dans ses pages un monde ­révolu, donc captivant.   Du point de vue de l’auteur, les choses sont en revanche plus complexes. Rares sont les écrivains ­capables, comme Henry Miller, de clamer leur confiance en la postérité : « Quand [j’écris quelque chose] dont je sais que cela va donner du plaisir à l’homme du futur, je partage ce plaisir avec lui par avance. » 1   Jules Renard ne dit pas autre chose, mais il le dit avec plus de ­modestie et surtout de drôlerie : « Moi et toi, cochon, nous ne serons estimés qu’après notre mort. » 2 D’autres auteurs, déçus de l’accueil reçu de leur vivant, réclament, comme Raymond Roussel, « un peu d’épanouissement posthume à ...

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