Virginia Woolf, pour le plaisir d’écrire

L’écrivaine britannique tint son journal jusqu’à sa mort, en 1941. Il fut tout à la fois la clé de voûte de sa vie, un outil d’introspection, un entrepôt de matériau littéraire et un laboratoire d’écriture.


Homme ou femme ? Matière ou esprit ? Raison ou folie ? Vie ou mort ? En littérature, qui mieux que ­Virginia Woolf aura incarné ce maelström d’ambivalence ? Une ambivalence qui se manifeste jusque dans son propre corps – longiligne, androgyne, d’une beauté un peu étrange, et qu’elle concédait aux hommes comme aux femmes. Ou dans ses personnages, notamment le fameux Orlando, promené(e) d’un sexe et d’un siècle à l’autre. Ou dans ses œuvres, entre prose et poésie (elle trouvait la poésie plus facile à écrire).   Vouée au maelström, Virginia Woolf l’était dès sa naissance, à Londres en 1882, au sein d’une immense famille recomposée de huit personnes, elle aussi bien étrange. La grande maison de Hyde Park Gate était le théâtre d’une intense animation sociale et intellectuelle (avec des visiteurs réguliers comme Henry James ou Thomas Hardy). Mais il y régnait aussi une formidable effervescence affective, et même sexuelle, avec incestes à répétition entre demi-frères et demi-sœurs. Toutes choses qui ne pouvaient qu’ébranler le psychisme déjà fragile de Virginia, malmené par une succession de tragédies familiales : à 13 ...
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Journal intégral (1915-1941) de Virginia Woolf, Stock, « La Cosmopolite », 2008

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