Le futurisme n’est pas le fascisme
Publié dans le magazine Books n° 18, décembre 2010 - janvier 2011.
Dans L’Apocalypse de la modernité, l’historien italien Emilio Gentile, spécialiste du fascisme, décortique le manifeste futuriste lancé par Filippo Marinetti en 1909. Il analyse notamment le rapport du mouvement à la guerre (perçue comme outil de régénération de l’individu) et à la politique (conçue comme glorification de l’idéal nationaliste).
Pourtant, explique Dino Messina dans le Corriere della serra, si « les futuristes furent des alliés de la première heure du fascisme – partageant la même vision expansionniste de la politique étrangère et la même conviction que la vie moderne est régie par la technologie et la vitesse –, l’ouvrage de Gentile montre combien il serait erroné de l’assimiler simplement avec cette idéologie politique. L’idéalisme de Marinetti différait de l’opportunisme politique d’un Mussolini. Le futurisme est né comme un mouvement libertaire, démocratique et, bizarrement, féministe. Après ses premières désillusions, il s’est fondamentalement redécouvert en mouvement artistique. »