Dans la tête des poulpes

Les octopodes sont un accident de l’évolution. Dotés d’un cerveau disproportionné, ils savent imaginer des stratégies et même faire des farces. Ont-ils pour autant une conscience ?

L’évolution réserve des surprises. Prenez le cas du poulpe et de ses cousins céphalopodes (seiches, nautiles, calamars) : ils se sont séparés de notre branche à nous, celle des vertébrés, il y a au moins 600 millions d’années (notre ancêtre commun était sans doute un petit ver plat du fond des océans). Or cette lignée a elle aussi développé un cerveau, avec neurones et ­synapses. Mais ce cerveau-là n’a pas grand-chose à voir avec le nôtre. Il n’est pas concentré dans la tête mais distribué dans tout le corps, y compris dans les tentacules, qui du coup possèdent une véritable autonomie intellectuelle. Cet étrange cerveau est néanmoins très performant. Les poulpes savent déjouer des pièges, ­résoudre des problèmes, imaginer des stratégies, dévisser et revisser des objets. Ils font des farces, en aspergeant depuis leur aquarium, avec leur ­siphon, les personnes qui ne leur ­reviennent pas, voire provoquent des courts-circuits en dirigeant leur jet sur des ampoules électriques qui les dérangent. Pour Peter Godfrey-Smith, un philosophe des sciences passionné de plongée, « le poulpe représente une ...
LE LIVRE
LE LIVRE

Le Prince des profondeurs. L’intelligence exceptionnelle des poulpes de Peter Godfrey-Smith, Flammarion, 2018

SUR LE MÊME THÈME

En librairie Dictateurs, mode d’emploi
En librairie Une science au passé sombre
En librairie Toujours trahies

Aussi dans
ce numéro de Books