Dans le corps des migrants

Dégoûté par l’attitude de ses compatriotes face aux migrants, le romancier tchèque Marek Šindelka se met dans la peau de ces derniers. Jusqu’à susciter le malaise.


Marek Šindelka: « Je voulais étudier le point de vue des migrants lorsque nous les arrêtons, les emprisonnons, avant de les renvoyer dans une zone de guerre. »

La poussière de la ville bombardée (en Syrie ?) que les héros ont fuie, la neige qui recouvre l’Europe où deux frères séparés vont tenter de se rejoindre : le blanc règne dans La Fatigue du matériau. Pourtant, affirme le quotidien Hospodářské Noviny, au départ, le poète et romancier tchèque Marek Šindelka voyait rouge : comment l’Europe, et surtout son propre pays, pouvaient-ils ainsi rejeter les migrants ? s’insurgeait-il devant le Sénat tchèque en 2015, assurant qu’il n’avait « pas été aussi dégoûté et horrifié depuis longtemps ». D’où sa décision d’écrire un roman qui donnerait « mal au ventre », en plongeant le lecteur dans le « matériau » de ses héros, à savoir leur corps usé par la faim, le froid, la fatigue et la peur.

Dans La Fatigue du matériau, chaque contraction nerveuse, chaque torsion ligamentaire, chaque afflux de sang est disséqué. Du pied gelé puis cassé du « garçon », jusqu’aux poumons de son frère qui « s’étaient ...

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