Donner un nom aux noyés

Humanité oblige : en Italie, une médecin légiste se donne pour mission d’identifier les migrants qui ont péri en Méditerranée.

En octobre 2013, un navire parti de Libye sombre au large de Lampedusa, ­petite île italienne à 130 kilomètres des côtes tunisiennes. Bilan : au moins 368 morts et 20 disparus. En avril 2015, nouveau drame de l’immigration dans les mêmes eaux. À bord d’un vieux rafiot de pêche qui n’aurait pas dû transporter plus de trente personnes, les trafiquants d’êtres humains en ont entassé plusieurs centaines. Le bateau coule, un millier de personnes meurent noyées. « Après n’importe quelle catastrophe ­aérienne, tsunami ou tremblement de terre, même dans des pays en difficulté, on s’efforce toujours d’identifier les victimes. Mais là, zéro ! » déplore Cristina Cattaneo dans le quotidien Il Foglio. Dans Naufragés sans visage, cette médecin légiste, qui coordonne le laboratoire d’anthropologie et d’odontologie médico-légale (Labanof) de l’université de ­Milan, raconte comment elle a créé le premier protocole d’identification des victimes de ces trop nombreux naufrages. Elle s’entendait dire : « Tu crois vraiment pouvoir les identifier ? » ou bien : « On ne ferait pas mieux de jeter une couronne de fleurs à la mer et basta? » À un ami elle ré...
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Naufragés sans visage. Donner un nom aux victimes de la Méditerranée de Cristina Cattaneo, Albin Michel, 2019

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