Écrire à en vomir
Publié dans le magazine Books n° 64, avril 2015.
Dans les lettres qu’elle adresse à ses sœurs depuis l’étranger, la romancière brésilienne Clarice Lispector révèle la solitude et l’angoisse créatrice qui la rongent.
Dans une lettre envoyée à ses sœurs le 8 mai 1956 depuis Washington, Clarice Lispector résume le conte qu’elle est en train d’écrire, Le Buffle : « C’est l’histoire d’une femme qui va au jardin zoologique pour apprendre à haïr avec les bêtes sauvages. Mais c’est le printemps et les animaux sont tous à la saison des amours, même le lion lèche la tête de la lionne […]. Puis vient le buffle. Mais je vois que je tue l’histoire en la racontant de la sorte. Un jour, vous verrez. » Paru en 2007 au Brésil, Mes chéries reproduit l’abondante correspondance échangée entre la plus grande romancière brésilienne du XXe siècle et ses deux sœurs, Elisa et Tânia, de 1940 à 1957, quand Clarice suivit son mari diplomate à Naples, Berne, Paris et Washington. Ces lettres « ne racontent pas simplement de bonnes histoires, elles révèlent la solitude...