Fontane, mieux que Flaubert

Écrit en réponse à Madame Bovary, Effi Briest l’emporterait-il sur son modèle ?


Hanna Schygulla incarne Effi Briest, l’héroïne du roman de Theodor Fontane, dans l’adaptation qu’en a faite R. W. Fassbinder en 1974.
Quand on présente le roman de Theodor Fontane Effi Briest aux étudiants français, on leur dit généralement qu’il s’agit du Madame Bovary allemand. Pas tout à fait à faux. Dans l’un comme dans l’autre, l’héroïne est une femme adultère qui s’ennuie avec son mari plus âgé, en a une fille, vit en province et, à la fin, meurt prématurément. Ce n’est pas un hasard : comme l’a montré le critique et traducteur Wolfgang Matz, Effi Briest, paru en 1894, a été écrit en réponse à Madame Bovary, paru en 1857 1.   On estime d’habitude que, si Fontane a bel et bien réussi à se démarquer de son modèle, la comparaison, en termes de qualité littéraire, ne joue pas en sa faveur : Flaubert, avec son style froid, clinique, et ses techniques narratives innovantes (sa maîtrise du style indirect libre, par exemple), passe pour l’inventeur d’une certaine modernité romanesque. Fontane aurait marqué une sorte de retour en arrière, au romantisme et à la sentimentalité, aux longs dialogues.   Injuste, affirme l’historien ...
LE LIVRE
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Effi Briest de Theodor Fontane, traduit de l’allemand par André Cœuroy, Gallimard, 2001

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