Publié dans le magazine Books n° 95, mars 2019. Par Baptiste Touverey.
George R. R. Martin a connu le succès sur le tard avec l’adaptation à l’écran du Trône de fer. Depuis, il peine à achever son grand œuvre. Et préfère faire diversion.
Il est difficile, quand on songe à la trajectoire de George R. R. Martin, de ne pas y déceler une sorte d’ironie tragique. Voilà un auteur qui a abandonné le monde de la télévision, où il était scénariste, pour revenir à l’écriture de romans : il ne supportait plus que son imagination soit bridée par des impératifs budgétaires. Pendant des années, a-t-il souvent raconté, la plupart de ses propositions se heurtaient à la même réponse : si elles étaient mises en œuvre, elles seraient ruineuses. On lui demandait de choisir entre des batailles épiques et des dragons, entre des décors grandioses et des costumes d’époque, pour finalement lui annoncer que, de toute façon, ses projets restaient trop chers et ne se feraient pas.
L’avantage de la création romanesque est bien entendu son extraordinaire économie de moyens. Devant son écran d’ordinateur, il suffisait désormais à Martin de décider qu’il avait besoin pour son histoire d’un mur de 200 mètres de haut pour qu’il existât bel et bien. C’est ainsi qu’au début des années 1990 est né