Georges Perec, du jeu au je

L’auteur de La Vie mode d’emploi s’imposait dans ses textes des contraintes aussi rigoureuses que ludiques. Autant de ruses pour dissimuler sa quête ou en travestir le véritable objet.

Georges Perec, ­décédé en 1982, est le plus moderne des romanciers français. N’est-il pas le grand promoteur du roman à contraintes, où l’écrivain emprisonne volontairement son élan créateur dans une camisole de règles, un « cahier des charges » parcimonieusement divulgué ? Une technique à vrai dire aussi vieille que la littérature – la poésie du moins. Voir par exemple la sextine, la « reprise dans un ordre différent des mots rimes de la première des six strophes du poème » 1, inventée au XIIe siècle par le troubadour ­Arnaut Daniel puis utilisée plus tard par Dante, Pétrarque, Camões et Pound, parmi d’autres.   Perec était le « pur produit » de l’Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo), qui réunissait mathé­maticiens et littérateurs dans « la recherche de formes, de structures nouvelles qui pourraient être utilisées par les écrivains de la façon qu’il leur plaira ». Après le décès de Raymond Queneau, le fondateur de l’Oulipo, Perec en devient le porte-flambeau.   Perec a passé sa (courte) vie d’écrivain à s’inventer des contraintes de plus en plus é...
LE LIVRE
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La Disparition de Georges Perec, Gallimard, « L’Imaginaire », 1989

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