Le procureur contre les nazis

Une enquête criminelle ouverte en 1933 à propos de Dachau rappelle la manière dont fut mise au pas la justice allemande.

Hitler avait promis « qu’il s’imposerait par des moyens légaux et gouvernerait ensuite par des moyens légaux », rappelle Richard J. Evans dans le Guardian. Lorsque – de guerre lasse – le vieux président Hindenburg consent enfin à le nommer chancelier en janvier 1933, le dictateur commence donc par se montrer légaliste. Et, pendant quelques mois, Hitler laisse libre cours à la justice allemande. Une justice très sourcilleuse vis-à-vis des abus du pouvoir politique, car marquée, écrit l’auteur, par « le printemps terrible de 1919, durant lequel le système judiciaire a vacillé […] plongeant l’Allemagne dans un bain de sang ». (Au printemps 1919, le gouvernement allemand avait envoyé la troupe pour réprimer des grèves massives dans la Ruhr.) Ce souci des apparences ne durera pas, et la justice va bientôt céder le pas à la force. Le théâtre de l’affrontement fondateur est une usine désaffectée dans un joli petit village bavarois proche de Munich : Dachau. Dès le printemps 1933, Joseph Hartinger, substitut du procureur de Bavière à Munich, décide d’ouvrir une enquête criminelle à la suite de quatre décès suspects : les victimes – juives, communistes, ou les...
LE LIVRE
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Les Premières Victimes de Hitler de Timothy W. Ryback, Editions des Equateurs, 2015

ARTICLE ISSU DU N°69

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