Publié dans le magazine Books n° 101, octobre 2019. Par Eve Charrin.
Quand la politique divise les familles et sépare les couples, le romancier britannique Jonathan Coe capte les petits et grands séismes qui secouent ses compatriotes. Éclairant.
Avec
Le Cœur de l’Angleterre, troisième volet d’un cycle romanesque entamé avec
Bienvenue au club (2001) et poursuivi par
Le Cercle fermé (2004), Jonathan Coe est « le premier auteur à aborder la crise d’identité nationale que nous traversons », estime Alex Preston dans l’hebdomadaire britannique
The Observer.
Pour saisir un pays déchiré par le Brexit, le romancier adopte en effet la forme littéraire « la plus appropriée », note le critique, à savoir celle d’une vaste fresque, comme une introspection collective, dont les critiques outre-Manche apprécient autant l’humour (britannique) que la « mélancolie ».
L’action se déroule à partir de 2010, année marquée par la formation d’un gouvernement de coalition entre conservateurs et libéraux-démocrates. Coe revisite les émeutes communautaires de 2011, qui avaient opposé, dans les quartiers défavorisés, des jeunes issus de minorités ethniques aux forces de l’ordre. Il évoque ensuite le bref et intense moment de communion nationale qu’ont suscité les jeux Olympiques de Londres en 2012, puis le séisme du référendum sur le Brexit en 2016, et enfin le chaos qui s’ensuit.
Auparavant, ...