Pour Édouard Drumont, l’auteur de l’essai antisémite
La France juive (1886), « il faut regarder l’œuvre de Rembrandt si l’on veut vraiment voir les juifs ». Le grand historien de l’art Erwin Panowski, Juif allemand, s’émerveillait, en détaillant un tableau du maître, de voir dans la gestuelle du Christ « quelque chose d’indubitablement juif » (1920). Quand la propagande nazie tenta de faire de Rembrandt une figure fondatrice du génie allemand, et même l’archétype de l’artiste aryen, cela fit scandale en Hollande. Pas seulement en raison de l’absurdité de la chose, mais parce que Rembrandt était perçu comme l’un des premiers artistes non juifs à avoir pris à cœur la cause juive. Le thème se retrouve dans le film de Charles Matton,
Rembrandt (1999), où l’on voit le peintre s’écrier « J’aime les Juifs ! » en arpentant une rue animée de l’Amsterdam du XVIIe siècle.
Il est désormais bien établi qu’il s’agit là d’un mythe. Une synthèse de travaux d’experts est présentée dans le catalogue d’une exposition qui s’est tenue voici ...