Publié dans le magazine Books n° 24, juillet-août 2011.
Dans son livre, publié en 1997, l’universitaire britannique Fiona Shaw témoignait de la forme extrême de la dépression postnatale – une psychose, accompagnée d’actes d’automutilation. Une épreuve qu’elle a elle-même traversée après la naissance de sa deuxième fille.
En 1997, l’universitaire britannique Fiona Shaw témoignait dans un livre de la forme extrême de la dépression postnatale – une psychose, accompagnée d’actes d’automutilation. Elle a traversé cette épreuve après la naissance de sa deuxième fille. Un ouvrage « courageux et nécessaire », saluait alors
The Independent, qui rappelait l’ampleur de ce type de détresse, d’autant plus douloureuse qu’elle est souvent frappée d’opprobre, tant la vision enchanteresse de la naissance domine l’imaginaire social : « La moitié des Britanniques développent la forme la moins grave de la maladie, qu’on appelle le “baby blues” […] et une sur dix environ développe une dépression plus sérieuse, une sur 1 000 souffrant à proprement parler de psychose. »
Mais que recouvrent vraiment ces chiffres ? Une sociologue de l’université du Kent posait quelques années plus tard la question, dans un long un
essai critique publié en 2003 sur le site
Spiked. Elle y retrace l’histoire de la « dépression postnatale », en invitant à raison garder : « Il est très important que les femmes sévèrement déprimées après l’accouchement soient diagnostiquées et traitées », reconnaît Elli Lee, qui s’inquiète néanmoins de la tendance croissante à « traiter la maternité comme une série de problèmes et à les aborder en termes médicaux ».