S’il existait un prix Nobel du pessimisme, Sibylle Berg aurait de bonnes chances de le recevoir. Le héros de son dernier roman s’appelle Jojo et, selon Sandra Kegel, du
Frankfurter Allgemeine Zeitung, il n’est pas sans rappeler un certain Forest Gump. À ceci près que les cœurs s’ouvraient face au naïf et désarmant Américain. Jojo, lui, ne rencontre que cruauté. Abandonné par sa mère alcoolique, il grandit à la fin des années 1960 dans un orphelinat de RFA, où il est maltraité, puis dans une famille de paysans qui ne songent qu’à l’exploiter. Il passe à l’Ouest, où ses déboires continuent. « Chaque espoir se révèle illusoire », souligne Andrea Hanna Hünniger dans le
Zeit. Petite précision : Jojo est hermaphrodite – une sorte d’ange sans sexe déterminé. Et Sibylle Berg en fait un nouveau Candide du monde contemporain, qui se heurte à une hostilité universelle (« en RFA comme en RDA, chez les pauvres comme chez les riches, dans les villes comme à la campagne », note Kegel). « On ne peut nier que ce livre dérange. On se sent obligé de le lire jusqu’au...