Villepin et l’esclavage

La rhétorique de l’homme politique et les réalités de l’histoire.

«Aujourd’hui, la France veut regarder en face cette tragédie qui a laissé tant de plaies ouvertes à travers le monde dans sa propre chair. Mais elle veut se souvenir aussi des grands combats contre l’esclavage nourris par l’idéal des Lumières et portés par l’élan de 1789 », écrivait Dominique de Villepin dans son avant-propos aux Mémoires des esclavages d’Édouard Glissant. Paru en 2007, ce livre quasi officiel était destiné à consacrer la fondation d’un Centre national pour la mémoire des esclavages et de leurs abolitions, centre prévu depuis 2004 mais toujours en devenir. La belle rhétorique que voilà, observe l’universitaire américain Brent Hayes Edwards dans la London Review of Books, rendant compte du livre de Glissant mais aussi d’un ouvrage de l’historien Christopher Miller sur le « triangle atlantique français ». Les ténors des Lumières avaient une position ambiguë sur l’esclavage et la France révolutionnaire n’était nullement à l’avant-garde de la modernité. Montesquieu critique l’esclavage de l’Amérique hispanique, mais ne mentionne pas l’esclavage français. Rousseau dit que l’homme « est partout dans les fers », mais ...
LE LIVRE
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Le triangle atlantique français. Littérature et culture du commerce d’esclaves de Villepin et l’esclavage, Duke University Press

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