Publié dans le magazine Books n° 74, mars 2016. Par John R. Eperjesi.
Arrêté par le régime sud-coréen, le grand poète Ko Un est l’héritier d’une tradition de poésie intense, révoltée, hallucinée, qui rappelle étonnamment le beat generation. Tout commence au XIXe siècle avec un certain Chapeau-de-Pluie.
En Corée, pays invité du Salon du livre, le hip-hop est apparu dans les années 1990 avec des rappeurs comme Seo Taiji et DJ Doc. Mais le titre de tout premier rappeur devrait sans doute revenir à Kim Byongyon
alias Kim Sakkat
alias Kim Lip
alias « le poète au chapeau de pluie », qui crachait des rimes et défiait ses confrères dans toute la péninsule il y a un bon moment déjà – au milieu du xixe siècle. La vie de Chapeau-de-Pluie eut les honneurs de la première chanson de rap de Corée,
Kim Sakkat, de Hong Seo Beom, en 1989.
À 20 ans, Kim Byongyon, ayant appris qu’il avait manqué de respect à son grand-père dans un poème, quitta sa mère, sa femme et son enfant, mit un chapeau de bambou porté traditionnellement par les paysans et les pêcheurs et commença à arpenter les montagnes de Corée. Ressuscité sous le nom de Chapeau-de-Pluie, il passa ses journées et ses nuits à improviser des chansons, à boire de l’alcool de riz, à faire la fête avec d’autres poètes, à flirter avec des filles...