Mauvais perdants

En 1918, l’Allemagne n’avait aucune chance de gagner la guerre. C’était évident même pour les Allemands. Comment la légende du « coup de poignard dans le dos » a-t-elle pu naître, alors ?


©The Granger Collection/ Coll. Christophel

11 novembre 1918. Le maréchal Hindenburg et son bras droit, le général Ludendorff, juste après la signature de l'armistice.

Ce fut peut-être l’infox la plus pernicieuse du XXe siècle : l’Allemagne n’avait pas perdu la Première Guerre mondiale, l’armistice du 11 novembre 1918 avait été imposé à des militaires invaincus par des civils traîtres, sympathisants du bolchevisme. De cette légende du « coup de poignard dans le dos », Hitler a fait l’usage que l’on sait pour saper la fragile république de Weimar.   Il semble évident aujourd’hui que, à partir de l’été 1918 au moins, le Reich de l’empereur Guillaume II, à bout de souffle, n’avait plus aucune chance de gagner la guerre. « Des centaines de milliers de soldats allemands désertaient ou n’obéissaient plus aux ordres. Le front ouest n’était plus qu’une toile d’araignée de positions à court d’effectifs, dans lesquelles des soldats démoralisés tenaient plus mal que bien », rappelle Sven Felix Kellerhoff dans le quotidien Die Welt. Plus troublant : sur le moment, cette évidence de la victoire alliée fut partagée par l’immense majo­rité des protagonistes d’alors, quel que soit leur camp.   Comment est-il donc possible qu’un mensonge aussi criant...
LE LIVRE
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L’Impensable Défaite. L’Allemagne déchirée, 1918-1933 de Gerd Krumeich, traduit de l’allemand par Josie Mély, Belin, 2020

ARTICLE ISSU DU N°105

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