Dacca, la vie à 18 cents de l’heure
Publié dans le magazine Books n° 61, janvier 2015.
« À ceux qui veulent comprendre la catastrophe du Rana Plaza qui a tué plus de 1 100 ouvriers du textile à Dacca, en 2013, l’ouvrage de Jeremy Seabrook rend singulièrement service », lit-on dans le magazine indien Tehelka. Intitulé « Le chant de la chemise », le livre remonte au XVIIIe siècle, lorsque le Royaume-Uni imposait des taxes douanières prohibitives sur les mousselines et les soies en provenance du sous-continent pour protéger son industrie naissante. Ensuite, explique Seabrook, l’East India Company obligea les tisserands de Dacca (ancienne capitale du Bengale, actuelle capitale du Bangladesh) à vendre quasiment à perte, ce qui détruisit un précieux capital industriel et humain : alors que les exportations textiles britanniques supplantaient celles du Bengale en Europe, « la population de la ville passa de plusieurs centaines de milliers d’habitants en 1760 à quelque 50 000 dans les années 1820 ».
Aujourd’hui, les près de quatre millions d’ouvriers textiles du Bangladesh vivent dans des conditions misérables. Pour une heure de ...