Le sinistre anachronisme du goulag chinois

Comment survivre au milieu de trente criminels de droit commun dans vingt mètres carrés ? Humiliations, tortures, viols… Le poète Liao Yiwu livre la plus terrible évocation à ce jour du laogai, un enfer absurde hérité d’une époque révolue.

Ce livre est horrible. Avec une rare violence, il entraîne le lecteur en enfer, dans le goulag chinois, et ne l’en laisse plus sortir. Les images le marquent au fer rouge. Celle d’un viol par exemple, lorsque, dans une cellule, les chefs obligent collectivement leurs inférieurs à leur faire une fellation, puis à avaler leur sperme. Ou celle du « menu » – quarante-cinq méthodes de torture des détenus entre eux. L’une d’elles s’intitule « pastilles pour la gorge » et prévoit de frapper la victime sur la pomme d’Adam. Une autre, nommée « la tête de tortue », consiste à insérer un grain de poivre dans le prépuce puis à le ficeler. Ce ne sont là que les « plats » les plus légers. Voilà qui devrait suffire à expliquer pourquoi Liao Yiwu s’est exilé en Allemagne, où son impressionnante somme Dans l’empire des ténèbres a pu paraître sans qu’il retourne en prison. Les autorités chinoises lui avaient interdit toute publication où que ce soit dans le monde… Né en 1958, Liao Yiwu a été marqué par le Grand Bond en avant, qui coûta la vie à des dizaines de millions ...
LE LIVRE
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Dans l’empire des ténèbres de Le sinistre anachronisme du goulag chinois, François Bourin

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