Publié dans le magazine Books n° 18, décembre 2010 - janvier 2011.
Méconnu en France, Pepetela est l’un des plus grands écrivains d’Afrique lusophone. Yaka, son oeuvre la plus ambitieuse, nous plonge au coeur des désarrois d’une identité nationale en formation.
Pepetela signifie « cil » en umbundu. C’est le nom de guerre que l’écrivain Artur Pestana dos Santos avait reçu de ses compagnons d’armes du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), la guérilla marxiste qui a mené la lutte d’indépendance contre l’armée portugaise. Depuis, cet Angolais blanc issu d’une famille de colons, qui fut vice-ministre de l’Éducation à l’indépendance, en 1975, en a fait son nom de plume. Pepetela, lauréat du prix Camoëns en 1997, est aujourd’hui l’une des figures majeures de la littérature d’expression portugaise ; avec une œuvre hantée par l’histoire de l’Angola et la question de l’identité nationale.
Publié en portugais en 1984,
Yaka, que rééditent aujourd’hui les éditions belges Aden, embrasse un siècle de l’histoire du pays, depuis l’arrivée sur le territoire en 1890 du premier Semedo – la famille au centre du roman – jusqu’à l’indépendance. Le livre a pour personnage principal Alexandre, le premier à être né sur le sol angolais ; celui-là même qui, « échappant aux bras de sa mère, tombe et referme la bouche ...