Pour ne plus pleurer sur « la musulmane »

Une anthropologue part en guerre contre l’image d’Épinal de la femme dans les pays islamiques, réputée opprimée, faible et sans voix. Au risque de tomber dans l’excès inverse ?

« Un stéréotype. » Voilà à quoi sont aujourd’hui réduites, de l’avis d’une anthropologue de Columbia, des millions de musulmanes à travers le monde. En 2002 déjà, Lila Abu-Lughod avait critiqué la représentation de ces femmes dans les médias et le discours politique américains. Paru sous le titre « Les femmes musulmanes ont-elles vraiment besoin d’être sauvées ? », son article avait fait grand bruit dans les milieux féministes (1). Une décennie plus tard, Abu-Lughod publie un livre où elle reprend et développe sa thèse. La chercheuse s’en prend en particulier à un secteur de l’édition qu’elle accuse d’alimenter les clichés en rapportant de façon voyeuriste des cas extrêmes de mariage forcé ou de crimes d’honneur, peu représentatifs, selon elle, du vécu de la majorité des musulmanes. Ajoutés à une masse d’articles et de documentaires du même acabit, des témoignages tels que Brûlée vive (Pocket, 2004) ou Moi Nojoud, 10 ans, divorcée (J’ai lu, 2009) contribueraient à forger l’image d’une civilisation islamique fantasmée – un « Islamland » obscurantiste, servant d’« antithèse au monde occidental éclairé », ...
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Les musulmanes ont-elles besoin d’être sauvées ? de Pour ne plus pleurer sur « la musulmane », Harvard University Press

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