Comment réformer l’école

Dans toutes les sociétés pratiquant l’écriture, l’école n’a cessé d’être un enjeu central depuis la Grèce et la Chine antiques. Elle s’est transformée avec la révolution industrielle et l’alphabétisation de l’ensemble de la société : l’école de l’élite est devenue l’école des masses et son organisation un problème majeur sur les plans politique, administratif, social et économique. Mais, alors même qu’avec la mondialisation on voit se multiplier les études comparatives, chaque pays reste les yeux rivés sur ses traditions et ses difficultés propres. C’est particulièrement vrai de la France, où l’échec patent du système éducatif n’a d’égal que la fierté que l’on continue d’éprouver pour les vertus supposées de l’école républicaine. Ce numéro de Books a pour ambition de faire apparaître la grande diversité des systèmes scolaires, des méthodes et des modes d’enseignement, des types d’établissements et des points de vue exprimés de par le monde. C’est aussi une réflexion sur les succès et les échecs. Tout le monde a en tête cette question : existe-t-il un bon modèle qui serait applicable un peu partout ou, du moins, dont il serait justifié de s’inspirer ? Serait-ce, comme beaucoup le pensent, celui de la Finlande ? Celui des charter schools américaines ? Le système chinois ? Le modèle allemand ? Les vieilles public schools britanniques ? Le nouveau modèle anglais ? Les méthodes proposées par les écoles alternatives ? Parmi les questions à se poser, il y a celles de l’impact d’Internet et du smartphone, de la validité des études comparatives et bien sûr des objectifs à atteindre : faut-il, par exemple, valoriser à ce point les études supérieures ? Nous avons de bonnes raisons de penser que le modèle français est à rejeter. Quant à savoir comment le réformer… La transformation du bac engagée actuellement est sans doute un pas dans la bonne direction. Mais, si l’on en juge par les leçons que l’on peut intuitivement tirer des expériences menées dans d’autres pays, ce n’est encore qu’un tout petit pas. Ne perdons pas de vue, enfin, les différences de contexte. Comme le montre l’analyse de l’exemple chinois – mais on peut en dire autant de la France, des États-Unis, de l’Allemagne ou de la Finlande –, le poids de l’histoire est considérable. Et dans les pays pauvres, dits en développement, les problèmes se posent encore très différemment. S’il existe une leçon à tirer de ce dossier, c’est qu’il faut se garder des jugements ­catégoriques, des opinions à l’emporte-pièce. Une certitude : il n’y a pas de bonne école sans la rencontre d’enseignants et d’élèves profondément motivés. La question est de savoir comment parvenir à cet objectif tout en prenant en compte les particularités du pays, voire de la région où l’on habite.

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