Le sexe du cerveau – Un débat parasité

Pourquoi y a-t-il près de cinq fois plus d’autistes garçons que filles ? Pourquoi 80 % des bègues sont-ils des hommes ? Pourquoi neuf personnes incarcérées sur dix sont-elles de sexe masculin ? Ces questions simples ouvrent sur un problème scientifique d’une grande complexité : comment expliquer les différences cérébrales statistiquement observables entre les sexes ? Quelle est la part des gènes, du jeu des hormones in utero, de l’environnement dans la petite enfance, de l’évolution du cerveau à l’adolescence ? Mais, comme si la complexité du problème scientifique ne suffisait pas, il est parasité par l’influence d’idéologies puissantes, qui s’affrontent en un combat douteux. Les quatre articles que nous présentons dans ce dossier illustrent l’impact de ce parasitisme. Ils sont tous écrits en réaction à la publication d’ouvrages dénonçant les biais réductionnistes reflétant, selon leurs auteures, la préférence des scientifiques pour la thèse du déterminisme biologique. Écrit par deux vétérans de la lutte antiréductionniste, Steven et Hillary Rose, le premier article dénonce l’éternel « recours à la biologie pour définir la nature de la femme et lui attribuer un statut inférieur » et le dernier avatar, selon eux, de cette funeste tentation, une « idéologie de la diversité plutôt que de l’infériorité ». Pour eux, les expériences menées par les chercheurs qui travaillent sur la différence des sexes « nous en apprennent plus sur leur idéologie que sur leur objet d’étude ». Dans le deuxième article, Diane Halpern, la plus célèbre psychologue américaine spécialisée dans l’étude des différences cognitives entre les sexes, commence par faire droit à ce point de vue pour ensuite retourner l’argument et mettre en avant l’existence d’une série de recherches sérieuses qui, selon elle, ne prêtent guère le flanc à ce genre de critique. Les deux articles suivants sont des plaidoyers en défense, écrits l’un par un chercheur anglais mis en cause dans les ouvrages en question, le spécialiste de l’autisme Simon Baron-Cohen, l’autre par deux scientifiques américains qui dénoncent l’idéologie du tout culturel.   Dans ce dossier :

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