WP_Post Object ( [ID] => 92857 [post_author] => 7 [post_date] => 2020-08-25 16:39:14 [post_date_gmt] => 2020-08-25 16:39:14 [post_content] =>Le terme Harmaguédon (Armageddon, en anglais) est une déformation de l’hébreu Har Megiddo, « la montagne de Megiddo ». Dans le livre de l’Apocalypse, Harmaguédon est le lieu de l’ultime bataille entre les forces du bien et du mal. Voilà qui explique l’utilisation de ce mot pour parler de la fin du monde et l’afflux de touristes sur le site archéologique de Megiddo, situé à 90 kilomètres au nord de Jérusalem.
Cette colline que les spécialistes fouillent depuis le début du XXe siècle est le résultat de l’empilement d’une vingtaine de cités d’époques différentes. La strate XX juste au-dessus de la roche, la plus ancienne, garde les traces d’un campement du néolithique. La strate I, qui offre une vue splendide sur la vallée de Jezréel, date des Perses. Entre les deux, on trouve les traces de peuplements cananéens, israélites, assyriens, babyloniens…
De l'Apocalypse au roi Salomon
Fin connaisseur du site, l’archéologue et anthropologue américain Eric H. Cline s’intéresse dans Digging up Armageddon à ceux qui l’ont fouillé. Il mêle « l’analyse détaillée des strates et des objets à l’excavation héroïque d’informations biographiques, d’anecdotes personnelles et de guerres intestines depuis la première campagne de fouilles de 1903-1905 », observe le journaliste scientifique Andrew Robinson dans la revue Nature.
Cline s’intéresse particulièrement aux années 1925-1939, période durant laquelle le chantier fut placé sous la responsabilité de l’Institut oriental de l’université de Chicago. Son directeur, l'égyptologue James Henry Breasted, et son mécène, le magnat John D. Rockefeller, étaient fascinés par les références bibliques qui lient le site au roi Salomon.
Mystères de l'archéologie biblique
En 1928, leur équipe croit avoir trouvé les écuries du roi mythique décrites dans les textes. « Mais, comme souvent en archéologie, le débat n’est pas clos. La configuration des lieux évoque une écurie, mais on n’a déterré aucun os de cheval ; et si des restes de céréales y ont été mis au jour, aucune analyse n’a été publiée. Sans compter qu’aucune inscription relevée à Megiddo ne mentionne Salomon », précise Robinson. « Au moins quatre strates différentes de Meggido ont été surnommées "cité de Salomon". Les écuries de Salomon sont devenues celles d’Achab, et, selon Cline, pourraient être désormais attribuées à Jéroboam II », ajoute l’historien Dominic Green dans l’hebdomadaire britannique The Spectator.
Mais sans verser dans l’archéologie biblique, bien d’autres mystères intriguent les chercheurs à Meggido. Quelle catastrophe explique les squelettes écrasés et les pierres noircies retrouvés dans une des strates les plus anciennes ? Pourquoi le site a-t-il été abandonné en 300 avant notre ère ? Au moins un chercheur émet l’hypothèse qu’Alexandre le Grand a pu détruire la ville. « Mais on n’a aucune preuve d’une fin aussi cinématographique », écrit Cline.
À lire aussi dans Books : Apocalypse, mode d’emploi, juin 2012.
[post_title] => Sur les traces de Salomon [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => sur-les-traces-de-salomon [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2020-08-25 16:39:16 [post_modified_gmt] => 2020-08-25 16:39:16 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=92857 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 90079 [post_author] => 7 [post_date] => 2020-07-30 14:13:46 [post_date_gmt] => 2020-07-30 14:13:46 [post_content] =>Prononcez le nom de Charlie Kaufman devant des cinéphiles, et vous verrez leurs visages s’éclairer. Véritable coqueluche du cinéma indépendant américain, Kaufman passe pour avoir révolutionné l’art du scénario en créant des histoires complexes et métafictionnelles. On lui doit notamment les scripts de Dans la peau de John Malkovich et d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Ce scénariste réputé s’est également essayé à la réalisation, avec beaucoup moins de bonheur toutefois. Après la réception en demi-teinte de son film Anomalisa, Kaufman est de retour, non pas sur les écrans, mais en librairie.
Du scenario au roman
Antkind décrit les tribulations de Balaam Rosenberger Rosenberg (surnommé « B »), un critique de cinéma entre deux âges, prétentieux et dogmatique, qui estime ne pas avoir eu la carrière qu’il mérite. Lorsqu’il rencontre un vieillard qui a passé l’essentiel de sa vie enfermé chez lui à tourner un film en stop motion d’une durée totale de trois mois, B est persuadé d’avoir déniché la pépite cinématographique qui lui apportera enfin la renommée. Hélas, le film disparaît dans un incendie avant qu’il n’ait eu le temps de le dévoiler au monde. Le reste du roman – près de 600 pages – retrace les tentatives de B de reconstituer le film de mémoire, avec l’aide d’un hypnothérapeute plus ou moins compétent.
Mémoire et perception de la réalité
« Quiconque ayant déjà vu un film de Kaufman se sentira ici en terrain familier », note le scénariste et romancier américain Matthew Specktor dans The New York Times. En effet, ce premier roman exploite un certain nombre de thèmes chers à Kaufman, comme l’impossibilité de se fier à sa mémoire ou à sa perception de la réalité. L’auteur ne se départit pas non plus de son goût pour la métafiction, faisant de son protagoniste un pourfendeur acharné de ses propres films – « Kaufman est un cinéaste prétentieux et largement surévalué », déclare B. Si Matthew Specktor voit dans Antkind un livre à la fois « extrêmement bizarre » et « extrêmement réussi », Kevin Power, lui, l’a trouvé pour le moins indigeste : « J’ai mis trois ou quatre ans à lire le roman de Charlie Kaufman. Du moins, c’est l’impression que j’ai eue », raille-t-il dans la Literary Review.
À lire aussi dans Books : Francis Kerline : « Cette traduction de David Foster Wallace m’a presque rendu fou », octobre 2015.
[post_title] => Charlie Kaufman s’essaie à la littérature [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => charlie-kaufman-sessaie-a-la-litterature [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2020-07-30 14:13:48 [post_modified_gmt] => 2020-07-30 14:13:48 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=90079 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 90076 [post_author] => 7 [post_date] => 2020-07-30 13:43:28 [post_date_gmt] => 2020-07-30 13:43:28 [post_content] =>Entrant dans l’église pour la messe dominicale, une famille américaine - Hida, Steven et leurs trois enfants -, découvre que quelqu’un dort sur un banc. Impossible de dire si cette personne est un jeune adolescent ou un adulte, si c’est un garçon ou une fille ou même si elle est blanche ou noire. L’intéressé(e) refuse de parler. Le révérend décide, en attendant de connaître son nom, de l’appeler pew, « banc », puisque c’est là qu’il/elle a été découvert. Hida et Steven l’accueillent sous leur toit. Et toute la ville se montre gentille et patiente avec Pew, du moins au début.
Pew, le quatrième roman de l’américaine Catherine Lacey, explore « les idées préconçues, l’aveuglement moral et la culpabilité », note Stuart Kelly, le critique littéraire du quotidien écossais The Scotsman.
Si Pew reste un mystère pour les lecteurs et pour ses bons samaritains, ces derniers se dévoilent peu à peu. Profitant de l’oreille attentive de cet interlocuteur muet, ils laissent entrapercevoir un monde insulaire et inquiétant. « Nous savons que nous n’avons pas été justes avec tout le monde », avoue un ancien, « mais nous avons toujours été justes en fonction de la définition de la justice de l’époque ». « On imagine tout à fait ce roman devenir un film noir indépendant réalisé par les frères Coen ou David Lynch. Mais il a aussi quelque chose du Revizor, de Gogol, pièce dans laquelle un étranger exorcise involontairement tous les démons d’une petite bourgade arriérée de la Russie tsariste », assure la critique Johanna Thomas-Corr dans l'hebdomadaire britannique New Statesman.
À lire aussi dans Books : La charité réinventée, juin 2016.
[post_title] => L’énigme « Pew » [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => lenigme-pew [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2020-07-30 13:43:29 [post_modified_gmt] => 2020-07-30 13:43:29 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=90076 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 89952 [post_author] => 7 [post_date] => 2020-07-28 16:33:59 [post_date_gmt] => 2020-07-28 16:33:59 [post_content] =>Il a fallu un best-seller au contenu aussi cru que subversif pour que l’Australie révise son antique système de censure : Portnoy et son complexe de Philip Roth. D’abord interdit, puis diffusé sous le manteau par Penguin’s Australia, subdivision de la célèbre maison britannique, le célèbre roman finit par avoir raison des censeurs : c’est cette saga que raconte l’universitaire Patrick Mullins dans The Trials of Portnoy.
En 1970, avant d’être présentées au public, les œuvres sont sélectionnées par différents services fédéraux et locaux, ainsi qu’un bureau de censure de la littérature. « Datant de la fin du XIXe siècle quand les romans d’Émile Zola, Honoré de Balzac et Guy de Maupassant étaient considérés comme trop osés pour le lectorat australien, ce système est devenu particulièrement sévère pendant l’entre-deux-guerres », résume l’universitaire Amanda Laugesen sur le site Inside Story. « Nous avons censuré Hemingway, Baldwin, Vidal, Salinger, Donleavy, Burroughs, Miller et McCarthy. Nous avons censuré Ulysse de Joyce, puis l’avons autorisé, avant de le censurer de nouveau. À une époque, même la liste des livres censurés était censurée », s’emporte le critique James Ley dans l’Australian Book Review.
De Zola à Philip Roth
Dans les années 1950 et 1960, les tollés soulevés par l’interdiction, entre autres, de L’Attrape-Cœurs de Salinger et de L’Amant de lady Chatterley de D.H. Lawrence commencent à faire bouger les lignes. Les éditeurs de Penguin attendent le bon moment pour porter le coup final, explique Mullins. En juillet 1970, ils impriment dans le plus grand secret 75 000 exemplaires de Portnoy et son complexe. Défiant les autorités, ils annoncent la sortie du livre en claironnant : « Nous sommes prêts à aller jusqu’à la Cour suprême ! ». Portnoy est vendu sous le manteau, mais le succès est immédiat.
Les censeurs dans l'embarras
La charge de faire respecter l’interdiction du livre incombe aux États. « Une large partie du livre de Mullins est consacrée à la description des procès, et sa lecture est divertissante », souligne Laugesen. Les procureurs insistent sur les passages les plus crus de Portnoy. Face à eux, la défense aligne le gratin de la littérature australienne qui vante les qualités du roman. Les résultats sont partagés. En décembre 1972, les élections générales mettent un terme à l’affaire. Le travailliste Gough Whitlam devient Premier ministre et aboli la censure.
Mullins ne se contente pas de retracer cet épisode, il remet en cause l’idée que ses compatriotes se font d’eux-mêmes, assure Ley : « Nous avons ce mythe stupide et agaçant selon lequel nous serions des trublions irrévérencieux épris de liberté, alors qu’il est évident que nous avons longtemps été une nation de prudes et de rabats-joie. »
À lire aussi dans Books : On a castré les romanciers américains, décembre 2011-janvier 2012.
[post_title] => Et Portnoy eut raison des censeurs australiens [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => et-portnoy-eut-raison-des-censeurs-australiens [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2020-07-28 16:35:46 [post_modified_gmt] => 2020-07-28 16:35:46 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=89952 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 89674 [post_author] => 7 [post_date] => 2020-07-27 10:01:56 [post_date_gmt] => 2020-07-27 10:01:56 [post_content] =>Histoire
Shlomo Sand : « Le peuple juif n'existe pas »
Kyle Harper : « L’empire romain a profité d'un changement climatique »
Mary Beard : « Les Romains n'étaient pas des génies militaires »
Walter Scheidel : « Seul un événement violent peut réduire les inégalités »
Religion
Mohammed Ennaji : « Le rigidité du Coran écarte les musulmans de la modernité »
Souleymane Bachir Diagne : « La tradition philosophique s'est éclipsée de l'Islam »
Christine Eichel : « Avec Luther, le travail est devenu une œuvre pieuse »
Charles Taylor : « Les démocraties sont en mal d'identité collective »
Philosophie
Richard Wolin : « Hannah Arendt s'est trompée sur la personnalité d'Eichmann »
Jean François Billeter : « Nous sommes tous des Chinois »
Adela Cortina: « Les animaux n'ont pas de droits inaliénables »
Ramin Jahanbegloo : « La violence est le fruit de notre décivilisation »
Sciences
Sarah Blaffer Hrdy : « L’humain est programmé pour les normes sociales »
Jacques Balthazart : « L’homosexualité est en partie héréditaire »
Simon Conway Morris : « La théorie darwinienne surestime le rôle du hasard »
John Strauss : « La psychiatrie accorde trop de réalité aux mots »
Uffe Ravnskov : « L'athérosclérose n'a rien à voir avec le cholestérol »
Norbert Schmacke: « Inefficace et nocive, l’homéopathie n'est pas une médecine »
Société
Jyotirmaya Sharma : « Narendra Modi confond histoire et mythologie »
Michael Hartmann : « L'élite mondialisée est une invention des médias »
Barbara Vinken : « La société allemande est complètement archaïque »
Pasi Sahlberg : « L’autonomie est la clé de l’école finlandaise »
Camille Limoges : « Une bonne université doit choisir ses étudiants »
Prospective
Matt Ridley : « Une prospérité croissante est hautement probable »
Francisco Bethencourt : « L'ethnocentrisme est une fierté naturelle »
Richard Tol : « Le changement climatique pourrait être bénéfique »
Hartmut Rosa : « Nous vivons dans un monde désynchronisé »
Littérature
Erri De Luca : « Pour une désobéissance civile envers un ordre injuste »
Ludmila Oulitskaïa : « Soljenitsyne n'a été ni lu ni compris »
Liao Yiwu : « Je rêve d'une Chine divisée en vingt pays différents »
Etgar Keret: « Ecrire revient à se retirer de la vie »
[post_title] => Dans ce hors-série [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => sommaire-hors-serie-16-a-contre-courant [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2020-07-27 10:01:57 [post_modified_gmt] => 2020-07-27 10:01:57 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=89674 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
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WP_Post Object ( [ID] => 89665 [post_author] => 7 [post_date] => 2020-07-27 08:01:17 [post_date_gmt] => 2020-07-27 08:01:17 [post_content] =>L’interview est un genre, parfois un art. Le genre est récent. Il a été inventé par la presse américaine. Le mot lui-même est apparu en 1867. L’une des premières interviews en bonne et due forme, et l’une des plus célèbres, a été réalisée par le journaliste R. Landor pour le New York World, le 18 juillet 1871. L’interviewé n’était autre que Karl Marx. On était au lendemain de la Commune. Landor s’est rendu chez Marx, qui avait lui-même un passé de journaliste. Avant d’en venir aux questions-réponses, rendues de manière apparemment fidèle et dans un style très direct (quand Marx rit, il le précise), il présente l’homme et décrit son intérieur, dans son appartement de Londres: « Karl Marx est un docteur en philosophie, pourvu d’un vaste savoir d’Allemand, tiré tant de son observation du monde que des livres […]. Son environnement et son allure sont ceux d’un homme aisé de la classe moyenne. Le salon où je fus introduit ce soir-là aurait pu être celui d’un agent de change prospère qui avait fait ses preuves et était en train de faire fortune. C’était le confort personnifié, l’appartement d’un homme de goût pourvu de moyens, sans rien qui reflète les particularités de son propriétaire. Seul un bel album de vues du Rhin, posé sur la table, fournissait un indice de sa nationalité. Je m’approchai prudemment d’un vase posé sur un guéridon, en quête d’une bombe. Je cherchai l’odeur du pétrole, mais ne sentis que celle des roses. Je revins à pas de loup sur mon siège, m’attendant au pire. Il entra et m’accueillit avec chaleur. Et nous voilà assis, face à face. Oui, un tête-à-tête avec la révolution incarnée, avec l’authentique fondateur et guide spirituel de la Société Internationale […], en un mot, avec l’apologiste de la Commune de Paris ».
[post_title] => Le vent du large [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => le-vent-du-large [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2020-07-30 12:35:44 [post_modified_gmt] => 2020-07-30 12:35:44 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=89665 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
Vous ne trouverez rien de semblable dans ce numéro de Books, mais l’inspiration n’est pas si éloignée. La sélection d’entretiens que nous vous présentons, réalisés au cours des douze dernières années, répond au souci de présenter au lecteur français le point de vue, la réflexion, la pensée et le savoir d’auteurs venus d’ailleurs, qui apportent un regard différent de ceux dont nous sommes coutumiers. Certains de ces intellectuels, femmes et hommes, peuvent faire figure d’iconoclastes, mais leur analyse est toujours fondée sur une recherche approfondie ou une expérience peu commune. Rien de gratuit. On peut ne pas être d’accord, mais même lorsque leur pensée s’oppose radicalement à ce que nous croyons, le
soupçon s’insinue que l’erreur n’est peut-être pas forcément de leur côté. Un dialogue s’instaure, parfois dérangeant, toujours enrichissant. Nous sommes bien là au cœur de la mission de Books : ouvrir les fenêtres sur le vent du large.
WP_Post Object ( [ID] => 89411 [post_author] => 7 [post_date] => 2020-07-23 20:16:54 [post_date_gmt] => 2020-07-23 20:16:54 [post_content] =>Erik Edstrom est diplômé de l’Académie militaire de West Point. Il a servi comme chef de peloton d’infanterie dans les zones les plus dangereuses d’Afghanistan. Il a reçu une médaille pour sa bravoure au combat. Et dans Un-american, son livre mi-mémoire mi-manifeste, il dénonce le militarisme de son pays.
« Il y a eu de nombreux récits de vétérans sur les guerres actuelles, mais c’est le premier qui me rappelle les textes désabusés des vétérans britanniques de la Première guerre mondiale, consignant une nouvelle défiance envers la nation qui les a envoyés à la guerre et envers les officiers qui les ont conduits au combat », remarque Thomas Ricks, journaliste spécialiste des questions militaires, dans The New York Times.
La défiance du vétéran
Edstrom raconte l’impréparation des jeunes soldats, les connivences avec les seigneurs de guerre locaux, les civils pris entre les deux, les morts dans tous les camps. Il décrit des missions sans aucun sens, mais coûteuses en vies humaines comme celle qu’il appelle « Opération babysitting de l’autoroute ». « Ça fonctionnait comme ça : l’infanterie sécurisait la route permettant au convoi logistique de ravitailler l’infanterie pour que l’infanterie puisse sécuriser la route pour que la logistique ravitaille l’infanterie, et ainsi de suite ad nauseam », écrit-il. Et tout ça sous une pluie de balles et d’obus, sans qu’à la fin personne ne gagne.
Être du bon côté
De mission en mission, de tuerie en tuerie, Edstrom n’est plus sûr d’être « un gentil ». Il a l’impression d’être dans Star Wars, et de défendre l’Étoile de la mort. Son pays dépense des milliards dans des équipements high-tech d’une grande complexité alors que les Talibans, eux, se contentent d’utiliser des objets du quotidien (engrais, téléphone portable, batterie de voiture…) pour fabriquer des explosifs autrement plus redoutables.
« Edstrom pose des questions difficiles que les Américains comme leurs dirigeants esquivent depuis des années, remarque Ricks. Par exemple, il calcule que l’armée américaine a tué plus de 240 000 civils au cours de ses dernières guerres, soit 80 fois plus que le nombre d’Américains tués lors des attaques du 11-Septembre. Combien en faut-il pour que ce soit assez ? »
À lire aussi dans Books : Le combat perdu de l’Afghanistan contre la corruption, septembre/octobre 2018.
[post_title] => Afghanistan : le blues du GI [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => afghanistan-le-blues-du-gi [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2020-07-23 20:16:56 [post_modified_gmt] => 2020-07-23 20:16:56 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=89411 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 88851 [post_author] => 7 [post_date] => 2020-07-16 18:40:01 [post_date_gmt] => 2020-07-16 18:40:01 [post_content] =>Le piment est aujourd’hui indissociable de la cuisine chinoise. Et pourtant l’historien américain Brian Dott montre que ce fruit s’est implanté presque par hasard en Chine. Originaire d’Amérique, il y serait arrivé à la fin du XVIe siècle via l’Espagne et le Portugal dans les cuisines des navires marchands. Contrairement à d’autres épices vendues à l’époque (poivre noir, noix de muscade…), il était très bon marché, du fait notamment qu’il pousse facilement sous n’importe quel climat.
De l'Amérique à la Chine
Les marins ont donné ce « bon plan » à de petits cultivateurs. Et bientôt les classes populaires ne purent plus s’en passer pour l’assaisonnement et la conservation des aliments. « Cette transmission discrète fait qu’il est difficile de déterminer où et quand exactement les piments ont été pour la première fois cultivés et consommés dans les différentes régions de Chine », souligne la spécialiste de la cuisine chinoise Fuchsia Dunlop dans l’hebdomadaire britannique The Spectator. Dott en conclut qu’il y eut certainement plusieurs points d’entrée dans les années 1570 par la côte orientale, mais aussi via la péninsule coréenne.
Cuisine et médecine
Les traces écrites de cette arrivée sont rares. Les élites chinoises jugeant vulgaire la nourriture épicée, les livres de cuisine commencent à mentionner le piment seulement vers 1790. « Dott assure que l’intégration du piment dans la médecine traditionnelle a été la clé de sa diffusion à travers toute la Chine », précise Dunlop. L’historien explique ainsi certaines préférences régionales pour ce tonique. Le piment est ainsi particulièrement bien implanté dans le Hunan où il fait partie de l’identité locale. Mao Zedong qui était originaire de cette province en avait même fait un symbole politique : qui ne mangeait pas de piment ne pouvait pas être révolutionnaire.
À lire aussi dans Books : Le buffet des dieux, juillet-août 2015.
[post_title] => Comment la Chine s’est mise au piment [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => comment-la-chine-sest-mise-au-piment [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2020-07-16 18:40:02 [post_modified_gmt] => 2020-07-16 18:40:02 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=88851 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )
WP_Post Object ( [ID] => 88550 [post_author] => 7 [post_date] => 2020-07-13 17:14:06 [post_date_gmt] => 2020-07-13 17:14:06 [post_content] =>Avec La musa fingida, Max Besora est bien décidé à « dépoussiérer la tradition littéraire catalane », comme il l'explique dans la revue culturelle Pliego Suelto. Connu pour ses romans volontiers sardoniques, l’écrivain barcelonais emprunte cette fois à des genres dits mineurs, tels que le gore ou la science-fiction, pour raconter une sanglante histoire de vengeance. « Si vous n’aimez pas un tant soit peu les films de Tarantino, ce livre n’est pas pour vous », prévient Magí Camps dans le quotidien La Vanguardia.
Sanglante histoire de vengeance
Le père de la famille Holopherne est un catholique fervent qui, pour « extraire Satan » du corps de sa fille Mandy Jane, entreprend de la violer à répétition. Celle-ci finira par se révolter dans un déferlement de violence. Aussi minimaliste que soit l’intrigue, elle permet à Besora de camper une série de personnages ubuesques. À l’instar des employés de la boucherie Pompeu Fabra – du nom du grammairien à l’origine de la standardisation de la langue catalane –, qui n’hésitent pas à hacher menu les clients qui ne s’expriment pas dans un néo-catalan parfait. Ou encore Manuel, le hamster de la famille, qui, pour des raisons non explicitées, est doué de parole et exhorte les animaux à faire la révolution contre les humains avec la verve d’un Salvador Allende.
Surréalisme grotesque
« Tout lecteur familier du surréalisme grotesque, de l’humour excentrique, des intrigues décousues et des parodies linguistiques de Besora pourra confirmer qu’il est ici à son meilleur », se réjouit Ponç Puigdevall dans l’édition catalane du quotidien El País. « Le livre est subversif dans le fond comme dans la forme, renchérit Jordi Nopca dans Llegim, le supplément Livres du quotidien catalan Ara. Dans la première partie du roman, il n’y a ni point, ni virgule ».
Besora prend effectivement un malin plaisir à subvertir la langue, à l’émailler de spanglish et de formules argotiques. Ce jeu linguistique se double d’un jeu métafictionnel : le personnage de Mandy Jane apostrophe son créateur et lui reproche la façon dont il l’a représentée. Elle lui intime même de réécrire certains passages qu’elle trouve sexistes et, ce faisant, se mue en « vengeresse de toutes les femmes chosifiées par les romanciers ».
À lire aussi dans Books : Vague de science-fiction néo-nazie, septembre 2009.
[post_title] => Pulp fiction catalane [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => pulp-fiction-catalane [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2020-07-13 17:14:08 [post_modified_gmt] => 2020-07-13 17:14:08 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://www.books.fr/?p=88550 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw )